Dossier n° 6
Enquête orale sur la mémoire sociale des anciens coloniaux belges : retour d’expérience et réflexions méthodologiques par Florence Gillet (CEGESOMA)

Ce texte, issu du rapport final de la Journée d'études "Histoire orale en Belgique" (CEGES, 18 novembre 2011), détaille la méthodologie appliquée à une grande enquête menée par le CEGES sur la mémoire sociale des anciens coloniaux belges.



L'auteur

Florence Gillet est licenciée en histoire de l’Université libre de Bruxelles. Elle a consacré son mémoire de licence à la propagande coloniale belge aux États-Unis pendant la Seconde Guerre mondiale. Entre 2004 et 2007, elle a travaillé au CEGES sur un projet de recherche relatif à la mémoire sociale des anciens coloniaux belges. Depuis novembre 2007, elle est en charge du secteur Images et Sons du CEGES.


Introduction

En janvier 2004, le CEGES se lançait dans une grande enquête consacrée à la mémoire sociale des anciens coloniaux belges. L’investigation fut menée en deux temps : un questionnaire écrit adressé à un large échantillon et une enquête orale orientée vers un nombre plus restreint d’individus. Le projet poursuivait un double objectif. D’une part, l’idée était de constituer une base documentaire susceptible de servir ultérieurement pour la recherche. Le CEGES était en effet persuadé qu’il s’agissait de l’une des dernières occasions de rassembler une masse importante de témoignages de la période coloniale. D’autre part, ce matériel archivistique devait permettre de mener une étude sur le profil sociologique de l’ancien colonial et sur sa mémoire sociale. Puisque nous parlons ici d’histoire orale, je m’intéresserai plus précisément au second volet de l’enquête, à savoir la récolte d’interviews d’anciens coloniaux (1).

L’objectif de cette contribution n’est pas tant de présenter les résultats obtenus mais plutôt de partager mon expérience et de dresser les grandes lignes de ma réflexion méthodologique. Les choix que j’ai effectués m’ont été inspirés à la fois de l’expérience acquise par mes collègues historiens dans le cadre des premières enquêtes orales mais également des sciences sociales et anthropologiques. Plusieurs points seront abordés ici : le choix des témoins, le choix de la méthode, la préparation des entretiens et la conduite des interviews.


Image d’ambiance de quelques coloniaux belges s’accordant un moment de détente sur
le barza, la terrasse d'une habitation coloniale, Elisabethville, mars 1957.
(Collection CEGES, photo n° 142.504)



(1) Pour la méthodologie et les conclusions de l’enquête écrite, je vous renvoie à l’article suivant : GILLET, Florence, "Congo rêvé ? Congo détruit... Les anciens coloniaux belges aux prises avec une société en repentir. Enquête sur la face émergée d'une mémoire", in Les cahiers d'Histoire du Temps Présent, n° 19, 2008, p. 79-133.