Dossier n° 7
L’histoire du mouvement ouvrier à travers la mémoire orale : une source incontournable ? par Florence Loriaux et Christine Machiels (CARHOP)

Ce texte, issu du rapport final de la Journée d'études "Histoire orale en Belgique" (CEGES,18 novembre 2011), s'intéresse à la mémoire orale ouvrière, en prenant pour exemple le travail réalisé par l'équipe du CARHOP.



Les auteurs

Christine Machiels est historienne et, depuis 2010, directrice du Centre d’animation et de recherche en histoire ouvrière et populaire (Carhop).
Florence Loriaux est également historienne et actuellement responsable du pôle "Analyses et Études" au sein de la même institution.


1. Introduction

L’usage de la mémoire orale dans les métiers de l’historien/de l’archiviste/de l’animateur

Durant plusieurs décennies, le CARHOP a développé diverses expériences de terrain (projets mémoire ouvrière, récolte de récits de vie, etc.) qui ont tout à la fois alimentés et exigés une réflexion théorique sur l’articulation entre la mémoire orale et les sciences sociales. En effet, la mémoire orale constitue dans le cadre des projets du CARHOP, reconnu comme Association d’éducation permanente et Centre d’archives privées, un support pour trois de ses missions :

- pour la recherche en histoire sociale. En effet, la source orale contribue à éclairer les rôles des acteurs/des actrices (et a priori ceux dont la prise de parole ne va pas de soi) qui façonnent les contours de cette histoire sociale. Elle soulève également plus d’un défi méthodologique.

- pour la sauvegarde d’un patrimoine culturel et social inédit, qui exige une réflexion en amont sur les conditions optimales de conservation, ainsi que sur les potentialités infinies de leur valorisation, auprès de divers publics (universitaires, militants, citoyens, acteurs et actrices de cette histoire, etc.)

- pour la formation en histoire sociale, dans une perspective d’éducation permanente. Réinsérer l’histoire passée dans l’histoire présente et mettre à la disposition des générations actuelles les informations historiques nécessaires à la compréhension des phénomènes sociétaux d’aujourd’hui constitue l’une des missions principales du CARHOP. Cette démarche participative directe suppose d’intégrer dans notre réflexion méthodologique les dimensions de transmission et de réappropriation de l’histoire par ses acteurs/actrices, qui sous-tendent la démarche de mémoire orale.

Notre propos aujourd’hui vise à éclairer les questions de méthode, ainsi que les enjeux, qui sous-tendent ces usages de la mémoire orale dans les métiers de l’historien/de l’archiviste/de l’animateur au travers de la présentation de projets concrets menés par le CARHOP : les projets de mémoire ouvrière, lancés depuis plus d’une trentaine d’années et un projet plus récent de collecte de témoignages des anciens travailleurs/travailleuses de la faïencerie Boch à La Louvière.