Dossier n° 3
L'histoire orale à l’Écomusée du Bois-du-Luc par Isabelle Sirjacobs

L’Écomusée du Bois-du-Luc mène depuis 1984 une campagne visant à récolter les témoignages d’acteurs divers, en particulier des mineurs, afin de sauvegarder la mémoire de ces acteurs, de la conserver et de l’utiliser pour l’étude du passé...
Sommaire

Introduction historique
Méthodologie
Conservation



Méthodologie

La méthodologie utilisée au départ de cette campagne d’interviews a été improvisée car le manque d’initiatives en la matière à cette époque ne permettait pas aux enquêteurs de "construire" leurs interviews selon un modèle établi (2). Néanmoins les enquêtes menées à l’Écomusée respectent dès le début une certaine logique qui rejoint la méthode décrite dans les études postérieures qui ont été menées sur la question (3). L’enquêteur de l’Écomusée a ainsi toujours établi un plan d’enquête avant chaque interview et l’a soumis à l’approbation de la personne questionnée (appelé aussi témoin ou informateur). Le plan d’enquête a pour but de guider l’enquêteur au cours de son entretien tout en délimitant les sujets à aborder. À l’Écomusée du Bois-du-Luc, l’enquêteur a pris soin également de bien préparer le sujet avant chaque interview de manière à dresser un plan d’enquête détaillé contenant tous les thèmes à évoquer avec le témoin. Dans le plan d’enquête, les questions ne sont pas formulées définitivement de manière à laisser libre cours à l’enchaînement des sujets abordés. De plus, l’enquêteur l’a ainsi plusieurs fois constaté, le déroulement réel de l’entrevue ne suit pas nécessairement point par point l’ordre du plan d’enquête. Dans la pratique, il est parfois utile d’improviser, de s’adapter aux réponses recueillies du témoin pour enchaîner avec de nouvelles questions, voire de nouveaux thèmes. L’enquêteur de l’Écomusée a souvent effectué de telles improvisations qui ont finalement donné au récit des informations complémentaires bien utiles. Certaines enquêtes ont été menées en présentant aux témoins des supports (document, photographie, plan...) qui permettent à la fois de relancer les propos quand la mémoire fait défaut et d’enrichir le récit.


(2) Dans son ouvrage tiré de sa thèse de doctorat, Hélène Wallenborn évoque le mouvement historiographique belge de l’histoire orale. Ce n’est qu’à partir des années 1980 que les universités, les archives et les centres de recherche ainsi que les radios et télévisions ont commencé à recueillir et conserver les sources orales. L’historienne indique aussi que les premières campagnes d’interviews ont été menées dans les musées et dans les centres de documentation, mais qu’en général la méthodologie est rarement explicitée et que les travaux menés consistent souvent en la description de récits. Voyez : H. WALLENBORN, L’historien, la parole des gens et l’écriture de l’histoire. Le témoignage à l’aube du XXIe siècle, Bruxelles, 2006, pp. 44-61.
(3) Voyez notamment : B. GENEST (ss. dir.), Guide d’enquête orale, Québec, 1991. A. BLANCHET & A. GOTMAN, L’enquête et ses méthodes : l’entretien, Paris, Nathan, 1992. J. PENEFF, La méthode biographique. De l’école de Chicago à l’histoire orale, Paris, Armand Colin, 1990.