Dossier n° 1
La mémoire orale du travail en Wallonie. Bilan et perspectives par Sven Steffens

Cet article synthétique a été édité en 2005 dans le cadre du chantier mené par l’Institut Jules Destrée sur l’histoire économique de Wallonie, dans Innovation, savoir-faire, performance. Vers une histoire économique de la Wallonie.



Les formes multiples de "sources orales"

Il nous semble préférable de ne pas donner une définition étroite et normative de la notion de "source orale". Le seul critère, indispensable à nos yeux, consiste en l’exigence que le document soit porteur de l’oralité. Il est sans doute justifié de considérer des interviews biographiques ou thématiques à caractère rétrospectif, enregistrées sur support audio ou audiovisuel, comme une forme particulièrement intéressante – du moins potentiellement – pour l’historien. Cette description résume la définition généralement donnée dans la littérature (20). N’admettre que ce seul type de document comme "vraie" source orale signifierait néanmoins négliger, voire occulter beaucoup d’autres documents riches en renseignements. Sans viser l’exhaustivité, nous voudrions brièvement rappeler quelques exemples et montrer que des sources orales au sens large du terme existent et ce depuis le XIXe siècle.

Parmi les premières enquêtes orales au sein du monde du travail, s’appuyant sur des récits de vie, figurent les monographies de familles ouvrières rédigées et publiées par des disciples du sociologue français Frédéric Le Play. Six de ces monographies concernent des familles ouvrières wallonnes, à savoir celles d’un tourneur-mécanicien de Seraing (1886), d’un coutelier de Gembloux (1891), d’un garnisseur de canons de fusils de Liège (1892–1893), d’un mineur du Borinage (1900), d’un cordonnier de Binche (1901–1903) et d’un ardoisier d’Herbeumont (1903–1904) (21). Toutefois, ici, les témoins interrogés ne s’expriment qu’au travers de la plume et du regard des enquêteurs.

De la même époque datent trois grandes enquêtes orales officielles auxquelles des représentants du monde ouvrier et patronal ont participé en nombre. Il s’agit, dans l’ordre chronologique, de l’enquête de la Commission du Travail instaurée après les graves troubles sociaux de l’année 1886, puis, de l’enquête de la Commission nationale de la Petite Bourgeoisie active entre 1902 et 1904, et enfin, des témoignages réunis par la Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines de houille (22). La parole des témoins telle qu’elle apparaît dans les procès-verbaux publiés bien qu’elle soit "filtrée" par le rédacteur du procès-verbal peut être considérée comme relativement authentique. Dans la même optique pourrait-on lire les procès-verbaux conservés dans les archives des conseils de prud’hommes (23).

Le recours aux témoignages oraux constitue un apport essentiel à deux recherches anciennes sur les origines du mouvement ouvrier belge, à savoir l’Enquête sur les associations d’artisans et ouvriers en Belgique, par le co-fondateur du Parti ouvrier Émile Vandervelde (1891), et l’étude de l’historien Guillaume Des Marez sur le compagnonnage des chapeliers bruxellois (1909) (24). Les deux auteurs prolongent le récit historique par une description de la situation telle qu’ils l’ont rencontrée.

Quelques sources autobiographiques donnent, de manière indirecte, la parole aux parents ou grands-parents, à la tradition orale familiale. Certains auteurs vont par souci d’authenticité, jusqu’à restituer des propos patoisants de tel membre de leur famille comme, par exemple, le prêtre Réginald-Léandre Dumont évoquant la vie de son grand-père Jean-Baptiste Dumont né en 1864, ouvrier carrier et chaufournier dans le Tournaisis (25).

Une source singulière à signaler est l’ouvrage que le journaliste namurois Joseph Osselet a publié, en 1912, à partir du témoignage oral d’un ouvrier menuisier, Désiré Beaulieu. Le récit en dialecte local qui évoque la vie populaire à Namur, dans la seconde moitié du XIXe siècle, relate, entre autres, l’apparition de certaines innovations et la réaction des gens de métier, telle la machine à coudre qui aurait provoqué, dans un premier temps, la forte hostilité des tailleurs (26). Existe-t-il d’autres textes comparables ? (27)

Des journalistes, à commencer par ceux de la presse socialiste, ont produit un autre type d’enquête basée sur des renseignements oraux, qui dépasse en ampleur le simple reportage d’actualité. Concernant la Wallonie, on pensera, par exemple, aux articles de Félix Paulsen et de Jules Lekeu, journalistes au Peuple, respectivement sur les ouvriers et les entreprises à Liège (1905) et dans la région du Centre (1907) (28) ; aux articles sur l’industrie de la paille dans la vallée du Geer, que François Olyff, journaliste et homme politique libéral, a rassemblés en volume (1930) (29) ; au reportage de Michel Delwiche et de Francis Groff sur les ouvriers mineurs au temps de la fermeture des puits (1985) (30) ; à la récente publication d’un cahier thématique du groupe Sudpresse sur les sidérurgistes wallons (2003) (31) ; ou encore au reportage de fond réalisé par Béatrice Herry sur une entreprise sociale de récupération de déchets de schiste à Warmifontaine (2003) (32). De tels reportages-témoignages parus dans la presse ou sous la forme d’un livre mériteraient effectivement une exploration systématique (33).

Un autre champ de l’oralité populaire est celui qui couvre le vocabulaire, le parler et les usages langagiers au sein du monde du travail, champ déjà investi par la recherche sociologique et socio-linguistique en France (34). En Wallonie, ce domaine n’est exploré jusqu’ici, que par la dialectologie soucieuse de conserver le vocabulaire technique et professionnel du travail agricole, de métiers artisanaux ou d’industriels menacés de disparaître ou subissant la disparition du vocabulaire dialectal. Le mouvement de sauvegarde est entamé dès la fin du XIXe siècle, sous l’égide de la Société liégeoise de littérature wallonne (35). Il se concrétise, ensuite, par la publication de quelques grands glossaires wallons-français de métiers tels les travaux de Jean Haust et de Pierre Ruelle sur le vocabulaire des houilleurs liégeois et borains ou l’étude de Jean Germain sur le vocabulaire des ouvriers carriers de Spontin (36). Forcément moins connus mais en partie fort intéressants sont plusieurs dizaines de mémoires de licence en dialectologie wallonne (37). Si certains de ces travaux de fin d’études se limitent à la compilation de mots techniques de tel métier de tel village ou de telle ville, d’autres incluent la dimension ethnographique et historique en ce compris les changements techniques (38). Par ailleurs, ont paru un certain nombre d’articles dont nous voudrions citer celui d’Albert Doppagne sur les lamineurs de la vallée du Hoyoux, sensible au changement technique (39). Pour le vocabulaire du travail agricole, citons en exemple Jean-Jacques Gaziaux qui s’est distingué par plusieurs enquêtes dialectologiques menées à Jauchelette (40). À notre connaissance, ces riches gisements documentaires n’ont guère été exploités dans une perspective d’histoire économique et sociale (41).

Voisines du mouvement de la sauvegarde des dialectes et à certains égards proches de l’histoire sociale et de l’histoire des techniques sont les très nombreuses études ethnographiques de métiers wallons. Ici, il faut en particulier mentionner l’œuvre du Musée de la Vie wallonne à Liège, ainsi que les revues La Vie wallonne (1920– ) et Enquêtes du Musée de la Vie wallonne (1924– ) qui ont accueilli bon nombre de travaux basés dans une large mesure sur la rencontre avec des représentants des métiers étudiés. La dimension orale y apparaît surtout dans le relevé de termes techniques et de coutumes de métier. Or, une particularité de ces études est la concentration exclusive sur les métiers pré-industriels et artisanaux de la Wallonie rurale (42) comme si une ethnographie des travailleurs "modernes" des ateliers, des usines, des chantiers, des bureaux, des commerces, etc. n’était pas envisageable ou nécessaire (43). Le risque inhérent à cette approche est de nourrir un passéisme plus ou moins nostalgique d’un monde pré-moderne qui a largement disparu. En revanche, les études ethnographiques des métiers pré-industriels sont irremplaçables pour la connaissance de ce qu’on peut appeler la culture du travail qui y prévalait (44).

Un genre de documents proche d’autres matériaux collectés par les ethnographes et dialectologues est constitué par des témoignages oraux dialectaux retranscrits et, le cas échéant, publiés tels qu’ils ont été enregistrés. Appelés "ethnotextes", ces témoignages proviennent, en ce qui concerne la Wallonie, surtout de représentants de vieux métiers artisanaux, de personnes actives dans l’agriculture avant la mécanisation, etc. (45)

10° La chanson ouvrière, patoisante ou non, constitue une expression orale non négligeable au XIXe siècle et pendant la première moitié du XXe siècle, comme l’ont notamment mis en évidence Roger Pinon et Jean Puissant (46). Le travail, le savoir-faire et parfois des innovations y sont évoqués. À l’instar des parlers professionnels mais avec des caractéristiques qui lui sont propres, la chanson représente une expression orale collective. Si une partie de ce patrimoine est publiée sous la forme de recueils – par exemple, l’importante collection de chansons de la région du Centre ou le recueil de chansons du militant socialiste mouscronnois Alfred Henno (47) –, beaucoup de chansons et partitions restent à (re-)découvrir (48).

11° En dernier lieu, nous arrivons à la source orale par excellence, l’interview biographique ou thématique, individuelle ou collective, enregistrée sur support audio ou audiovisuel et également retranscrite dans le meilleur des cas. C’est le genre de témoignage généralement prôné par les partisans de l’histoire orale. Avant d’esquisser, dans les grandes lignes, les sujets évoqués dans ces témoignages, nous tenons à relativiser la spécificité – et ainsi la supériorité parfois présumée – du genre "interview".



(20) Ainsi encore récemment Nele BRACKE, « Mondelinge bronnen », in : IDEM, Bronnen voor de industriële geschiedenis. Gids voor Oost-Vlaanderen (1750–1945), Gent, Academia Press – Provincie Oost-Vlaanderen, 2000, p. 365.
(21) Pour la bibliographie complète voir Anthony LORRY, « Les monographies des Ouvriers européens (1855 et 1877–79) et des Ouvriers des deux mondes (1857–1930) : inventaire et classification », in : Les Études Sociales, n° 131–132 : Les monographies de familles de l’École de Le Play, 2000, p. 93–181. Pour une appréciation critique des monographies belges, voir Jean-Jacques HEIRWEGH, « La doctrine de Frédéric Le Play en Belgique et au Canada », in : Ginette KURGAN-VAN HENTENRYK (dir.), La question sociale en Belgique et au Canada. XIXe– XXe siècles (Centre d’Études canadiennes), Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxelles, 1988, p. 139–147, et Jean PUISSANT, « Le bon ouvrier. Mythe ou réalité du XIXe siècle. De l’utilité d’une biographie J.F.J. Dauby (1824–1899) », in : RBPH/BTFG, t. 56, 1978, n° 4, p. 878–929.
(22) Commission du Travail instituée par Arrêté Royal du 15 avril 1886, Bruxelles, A. Lesigne, 1887–1888, 4 vol. ; Commission Nationale de la Petite Bourgeoisie, Séances d’enquête orale, Gand – Bruxelles, Impr. Plantijn, 1903–1904, 7 vol. ; Commission d’enquête sur la durée du travail dans les mines de houille, Bruxelles, Goemaere impr.-éd., 1907–1908, 6 vol. (dont 5 volumes de témoignages d’ouvriers, de cadres et de médecins) – nous remercions Florence Loriaux pour l’indication de cette dernière source. Pour une appréciation critique des deux premières enquêtes, voir Éliane GUBIN, « Les enquêtes sur le travail en Belgique et au Canada à la fin du 19e siècle », in : Ginette KURGAN-VAN HENTENRYK (dir.), La question sociale en Belgique et au Canada, op. cit., p. 93–121, et Ginette KURGAN-VAN HENTENRYK, « À la recherche de la petite bourgeoisie. L’enquête orale de 1902–1904 », in : RBHC/BTNG, t. 14, 1983, n° 3–4, p. 287–332.
(23) Nous remercions Patricia Van den Eeckhout pour cette indication.
(24) Émile VANDERVELDE, Enquête sur les associations professionnelles d’artisans et ouvriers en Belgique, Bruxelles, Impr. des Travaux publics, 1891, 2 vol. ; Guillaume DES MAREZ, Le compagnonnage des chapeliers bruxellois (1576–1909). Pages d’histoire syndicale, Bruxelles, Libr. Henri Lamertin, 1909.
(25) Réginald-Léandre DUMONT, Tièt’ d’ roctier. Fils d’ouvrier carrier. Prêtre engagé, [Antoing], Foyer socio-culturel et Ville d’Antoing – Soignies, Impr. Lemaire, 1996, p. 15–26. Voir aussi : Dieudonné BOVERIE, Liége [sic] dans la guerre et dans la paix. Autobiographie. Liège vivant, de 1905 à 1918, Liège, Vaillant-Carmanne, [1978] (évocation de son père serrurier) ; Maurice HERLIN, La vie quotidienne à Rance, Cité marbrière, à la veille de la Grande Guerre (coll. Autrefois, c’était comment ?), [Sivry-Rance], Éd. du Foyer Culturel de Sivry-Rance, [1991] (rapporte des souvenirs de son père ouvrier tailleur de pierre) ; Jean RIVIÈRE, Au temps de mon père (ménuisier-ébéniste). Mémoires, suivis d’un Rappel des autres artisans du « Quartier du Pont » à Ellezelles, de la première moitié du XXe siècle et d’un Abrégé de lexique des métiers du bois, La Hamaide, Écomusée du Pays des Collines, 1998 ; Huguette PATOUT-LIBION, « L’apprentissage d’un tailleur d’habits. Souvenirs namurois », in : Pays de Namur, n° 81, 1982, p. 24–30. Citons, comme complément à l’article de H. Patout, deux sources bruxelloises : Jean d’OSTA, Mémoires candides d’un Bruxellois ordinaire, Bruxelles, Paul Legrain, 1984, p. 10 (apprentissage de sa mère comme couturière) ; Robert MASKENS, Bourgeois de Bruxelles. Petite histoire d’ancêtres sans histoires, Bruxelles, Édition privée [chez l’auteur], 1988 (tailleurs).
(26) Joseph OSSELET, Les Mémoères d’on Namuroès su l’Vî Nameur, Salzinnes-Namur, Impr. E. Dubois, [1912] ; pour l’épisode de la machine à coudre, voir p. 40–42.
(27) Pour la commune bruxelloise de Molenbeek-Saint-Jean, voir maintenant Un ketje de Molenbeek, Alfred De Vos. Propos recueillis par Françoise VAN KOL, Bruxelles, Foyer asbl, 2004.
(28) Félix PAULSEN, En terre liégeoise. Liége [sic] pittoresque et industriel, Gand, Société coopérative « Volksdrukkerij », 1905 ; Jules LEKEU, À travers le Centre, croquis et mœurs. Enquête ouvrière et industrielle, Bruxelles, Rousche et Michotte impr.-éd., 1907.
(29) François OLYFF, Histoire des industries de la paille en Belgique 1904–1930, Hasselt, Les Imprimeries du Limbourg, 1930 (partiellement basé sur des interviews).
(30) Michel DELWICHE, Francis GROFF, Les gueules noires (coll. Journalistes, [n° 1]), Bruxelles, Éd. Les Éperonniers, 1985.
(31) Les hommes de l’acier. Ils racontent leur vie à l’ombre des hauts-fourneaux (Les cahiers de Sudpresse), Namur, Sudpresse, 2003.
(32) Béatrice HERRY, Scailleton à Warmifontaine (coll. Témoignages), Neufchâteau, Weyrich Édition, 2003.
(33) Voir aussi l’appel à l’étude du reportage social, en Belgique et ailleurs, par Paul ARON, « Augustin Habaru et le reportage social », in : Autour d’Henry Poulaille et de la littérature prolétarienne. Études réunies par André NOT et Jérôme RADWAN (coll. Textuelles. Littérature), Aix-en-Provence, Publications de l’Université de Porvence, 2003, p. 131–142, notamment p. 137–142.
(34) Pour un récent aperçu, voir Anni BORZEIX, Béatrice FRAENKEL (coord.), Langage et travail. Communication, cognition, action (coll. CNRS Communication), Paris, CNRS Éd., 2001.
(35) Par exemple, Toussaint BURY, « Glossaire technologique wallon-français du métier des graveurs sur armes. [Commenté et complété par Alph. TILKIN] », in : Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, 2e série, t. 16, 1891, p. 311–324. Pour une bibliographie des publications les plus significatives parues dans le Bulletin de la Société liégeoise de littérature wallonne, voir Marie-Thérèse COUNET, Mots et choses de Wallonie. Aspects du lexique dialectal de nos régions. Catalogue d’exposition SLLW et BDW, Liège, Société de langue et de littérature wallonnes, 1990, p. 117–119.
(36) J[ean] HAUST, avec la collab. de Georges MASSART et de Joseph SACRÉ, La houillerie liégeoise I : Vocabulaire philologique et technologique de l’usage moderne dans le bassin de Seraing-Jemeppe-Flémalle, Liège, Impr. H. Vaillant-Carmanne, 1925–1926 ; Pierre RUELLE, Le vocabulaire professionnel du houilleur borain. Étude dialectologique, [publié par l’]Académie royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique, 2e éd. [rev. et corr.], Bruxelles, Palais des Académies, 1981 [19531] ; Jean GERMAIN, Les carrières à Spontin [D 12]. Étude dialectologique et ethnographique, Louvain, Presses de la Bibliothèque centrale de l’Université catholique de Louvain, 1974. Voir aussi Robert DASCOTTE, « Le parler des houilleurs de Mariemont », in : Annales du Cercle archéologique et folklorique de La Louvière et du Centre, t. 6, 1968, p. 133–172.
(37) Pour une première orientation bibliographique, voir Jean GERMAIN, « Vingt-cinq ans de dialectologie et d’onomastique wallonne 1976–2000. Bibliographie complémentaire (y compris 2001) », in : Bulletin de la Commission royale de toponymie & dialectologie / Handelingen van de koninklijke Commissie voor toponymie & dialectologie, t. 74, 2002, p. 333–409. Deux exemples plus anciens concernant le vocabulaire des mineurs : Louis MAUCHARD, Le vocabulaire du houilleur de la région du Centre (La Louvière et ses environs), mémoire de licence inédit, ULB, Philologie romane, 1949 ; Jacques MARIMAN, Vocabulaire technique du mineur carolorégien, mémoire de licence inédit, ULB, Philologie romane, 1960 – ce dernier est à comparer avec le glossaire publié par un ancien porion : Achille VAN CALSTEREN, Yû poul djoû : vocabulaire wallon du mineur carolorégien, Charleroi, Association Littéraire Wallonne de Charleroi, 1993.
(38) Voir, par exemple, Virginie ANDRIEU, Le parler des ouvriers carriers de Lessines [S 6]. Étude dialectologique et ethnographique, mémoire de licence inédit, UCL, Philologie romane, 1997 ; Dominique DECRAENE, Le vocabulaire du boulanger mouscronnois. (Étude dialectologique), mémoire de licence inédit, ULB, Philologie romane, 1980. Basé sur un mémoire de licence : Christine PAULET-PENNINCK, « Les carrières de Lessines. Le langage des ouvriers carriers », in : L’industrie de la pierre en Belgique de l’ancien régime à nos jours. Colloque du 20 novembre 1976 (Études et documents du Cercle royal d’histoire et d’archéologie d’Ath et de la région, n° 1), Ath, [Cercle royal d’histoire et d’archéologie d’Ath et de la région], 1979, p. 131–154. – Il est à noter que les auteurs de ces mémoires ont, en général, enregistré leurs témoins et conservent éventuellement encore les enregistrements.
(39) Albert DOPPAGNE, « Le parler des lamineurs de la vallée du Hoyoux », in : Dialectes belgo-romans, t. 3, 1939, n° 2–4, p. 77–106.
(40) Par exemple, Jean-Jacques GAZIAUX, Du sillon au pain : le travail de la terre et la culture des céréales, Liège, Société de langue et de littérature wallonnes, 1988 ; IDEM, Cultures diverses, prairies, vergers et jardins à Jauchelette (Mémoires de la Commission royale de toponymie et de dialectologie. Section wallonne, n° 22), Liège, Impr. George Michiels, 2003.
(41) Voir Sven STEFFENS, « Le nom de l’apprenti : une analyse du vocabulaire socio-professionnel », in : RBPH/BTFG, t. 79, 2001, n° 2, p. 591–617.
(42) Voir, par exemple, Willy BAL, « La clouterie à la main dans la région de Ham-sur-Heure », in : Mélanges de Folklore et d’ethnographie dédiés à la mémoire d’Élisée Legros, Liège, Musée wallon, 1973, p. 105–120 ; Jean FRAIKIN, « Armand Tombu et les pipiers d’Andenelle », in : Tradition Wallonne, t. 2, 1985, p. 107–146 ; Marie-Thérèse COUNET, « Petites industries locales. La vannerie d’osier en Wallonie malmédienne (Sourbrodt) », in : Enquêtes du Musée de la Vie wallonne, t. 18, 72e année, 1994, n° 213–216, p. 203–274. Nostalgique et sans prétention scientifique : Rodolphe DÉDOYARD, Dès mèstîs èt dès djins k’ è vont (Métiers et gens d’autrefois). Textes en wallon de Tenneville, publiés par Michel FRANCART, 2e éd., Louvain-la-Neuve, Cabay, Jezierski éd., 1983 [19781].
(43) Un bel exemple d’enquête orale sur un métier tradtionnel dans la transition : Annick DETREMMERIE, met bijdragen en medewerking van Guido DESEYN, ‘T is voor de bakker. De mechanisering van de brood- en banketbakkerij. Tentoonstelling, Stadhuis en Groot Vleeshuis, Gent, 19 juli–17 augustus 1986, Gent, Museum voor Industriële Archeologie en Textiel, 1986 – À comparer avec Daniel BERTAUX, Isabelle BERTAUX-WIAME, Centre d’étude des mouvements sociaux. Groupe de sociologie du travail, Transformations et permanence de l’artisanat boulanger en France, t. 1 : Une enquête sur la boulangerie artisanale par l’approche biographique, t. 2 : L’apprentissage en boulangerie dans les années 20 et 30 : une enquête d’histoire orale, Paris, CORDES, 1979–1980, 2 vol.
(44) Voir A[rthur] BALLE, « Les sabotiers [de Cerfontaine] », in : Tradition wallonne, t. 5, 1988, p. 385–391.
(45) Voir notamment Marie-Thérèse COUNET, « Ethnotextes de Belgique romane », in : Enquêtes du Musée de la Vie wallonne. Bulletin-questionnaire, t. 15, 59–60es années, 1982–1983, n° 173–176, p. 162–222. Quelques mémoires de licence contiennent des matériaux à exploiter : Arlette RUCHE, Ethnotextes concernant l’enfance recueillis en Ardenne. Arrondissements de Bastogne, Marche et Verviers, mémoire de licence inédit, UCL, Philologie romane, 1979 ; Monique FRIPPIAT, Ethnotextes recueillis dans la région de Ciney. (Vie rurale : Agriculture, élevage, travaux domestiques, ...), mémoire de licence inédit, UCL, Philologie romane, 1980 ; Agnès MEYBOS, Ethnotextes de Sart-Dames-Avelines. La vie d’une femme, mémoire de licence inédit, UCL, Philologie romane, 1981. Les définitions du concept "ethnotexte" formulées, au départ, à l’université d’Aix-en-Provence, étaient nettement plus larges, cf. F. DESCAMPS, L’historien, l’archiviste et le magnétophone, op. cit., p. 106 et p.125, note 89.
(46) Roger PINON, « Contribution à l’étude de la chanson politique et sociale dans la province de Hainaut aux XIXe et XXe siècles », in : Jean-Marie CAUCHIES, Jean-Marie DUVOSQUEL (dir.), Recueil d’études d’histoire hainuyère offertes à Maurice A. Arnould (Analectes d’Histoire du Hainaut, n° 2), t. 2, Mons, Hannonia, 1983, p. 527–536 ; Jean PUISSANT, « Chansons et problématique sociale ? », in : Acta Historica Bruxellensia. Travaux de l’Institut d’Histoire de l’Université Libre de Bruxelles, t. 4 : Histoire et méthode, Bruxelles, Éd. de l’Université de Bruxlles, 1981, p. 473–502 ; IDEM, « La chanson sociale ou le pamphlet du pauvre » in : 100 ans de droit social belge, offert à Louis DUCHATELET, Bruxelles, Éd. Bruylant, 1986, p. 171–185.
(47) J. LEFÈBVRE, J. LIÉBIN, Le Centre. Une région, des hommes à travers poèmes et chansons 1865–1975, t. 1, Boussu, Grand-Hornu Images, 1987 ; Alfred HENNO, Recueil de chansons, pasquilles et monologues, rééd., Mouscron, Amicale des pensionnés socialistes, 1981 [1908]. Voir, à titre de comparaison, la très riche collection de chansons flamandes publiée par Erik DEMOEN, Liederen der industriële revolutie. Een exploratie doorheen de wereld van het volkslied en het populaire lied in de 19de eeuw, Gent, Vereniging voor industriële archeologie en textiel, 1987, 3 vol.
(48) D’importantes collections de chansons et de partitions se trouvent au CARHOP, à Bruxelles (fonds Monique Smets-Peeters), et à l’Institut d’histoire ouvrière, économique et sociale, à Jemeppe (le fonds Jacques Vanderschueren compte ca. 12.000 pièces, un autre fonds, le corpus de base, inventorié, compte ca. 1.000 pièces). Nous remercions Annick Vilain pour cette indication.